Ce n’est pas à un derby auquel le public du Stade Municipal a eu la chance d’assister ce samedi, mais à deux. D’abord à celui tant attendu de Promotion League entre la 1re garniture d’Yverdon-Sport et le FC Bavois, puis à celui entre les deux cadors de 2e ligue que sont la 2e équipe locale et le FC Champagne Sports. L’occasion rêvée de parler avec joueurs, entraîneurs et dirigeants de ce moment toujours très attendu dans la saison.
« Un derby ne se joue pas, il se gagne », déclarait le Grandsonnois Thibault Roulet après la victoire des siens à Champvent. Cette phrase résume parfaitement ce genre de rencontre. Et, à voir la joie des vainqueurs et la frustration des perdants, surtout lorsqu’ils ont été lésés par des décisions arbitrales incompréhensibles, cette citation a pris encore plus de sens.
Samedi, l’équipe fanion d’YS s’est péniblement défaite 2-1 de Bavois en Promotion League alors que la seconde garniture du club de la Cité thermale a facilement passé l’écueil FC Champagne Sports 4-0, dans la foulée, en 2e Ligue vaudoise.
Questionnés sur ce que signifie pour eux un derby, les joueurs, entraîneurs et présidents interrogés sont tous revenus systématiquement sur les rencontres de ce samedi. Preuve qu’il en est de leur très grande importance au calendrier. Peut-être que le fait que les interviews ont été effectuées juste après ces parties ont eu une influence sur les réponses de personnes questionnées, mais elles seules pourraient nous dire si c’est effectivement le cas ou non.
Un derby débute bien avant son coup d’envoi
Un derby, ce n’est pas seulement 90 minutes de jeu. Ça commence bien avant. Lors de la publication du calendrier, avec la date qui est entourée en rouge dans les agendas. Et la semaine précédant la partie, les entraîneurs n’ont pas besoin de motiver leurs poulains qui montrent même plus d’engagement que d’habitude. Amar Boumilat, l’entraîneur assistant de la 1re garniture d’Yverdon qui vivait sa 1re expérience lors d’un derby, a été surpris par la volonté montrée par ses protégés jeudi et vendredi, malgré le fait qu’ils venaient de disputer quatre parties en l’espace de 10 jours. Et il y a l’échange de messages provocateurs entre les protagonistes, surtout s’ils ont porté le même maillot. Et il y en a eu énormément entre les réservistes yverdonnois et les Champagnoux, comme l’a confié Vagner Gomes, coach des premiers cités.
Et des provocations, il y en a aussi dans les couloirs des vestiaires, histoire de prendre déjà un avantage psychologique. Tout cela est de bonne guerre. Puis sur le terrain, les 22 acteurs montrent une envie de se battre de tout instant. Les coaches n’ont pas besoin de les stimuler. Chacun veut ressortir en étant le maître du coin ou de la région. Ce n’est pas toujours le cas, certes, mais cela l’a été à Yverdon-les-Bains, samedi.
Autour du terrain
Au Stade Municipal, les spectateurs en ont eu pour leur argent du point de vue de la combativité de tout instant proposée. Et pour eux également, un derby est un événement particulier. C’est le match à ne pas manquer durant la saison. C’est celui où certains amis deviennent ennemis durant deux fois quarante-cinq minutes; les taquineries fusent dans les gradins. Et même les représentants des autorités s’y mettent, à l’image de M. Marc-André Burkhard, vice-syndic d’Yverdon-les-Bains.
Après la partie
Et après la partie? Les vainqueurs sortent heureux et les perdants tristes, surtout s’ils méritaient mieux. Ce qui a été le cas ce samedi pour les Bavoisans, vu qu’ils ont été privés d’une égalisation à deux partout, pour un hors-jeu que seul l’arbitre a vu. Cela s’est entendu dans les propos d’après-match de leur président Jean-Michel Viquerat et de leur coach Bekim Uka. A l’issue de la rencontre, lorsqu’on leur a simplement demandé ce qu’évoquaient pour eux les derbies en général, les deux hommes n’ont pas pu s’empêcher de revenir longuement, de manière compréhensible, sur ce fait de jeu, qui a été le moment décisif de la partie.
Souvenirs, souvenirs
Et qui dit derbies, dit souvenirs, qu’ils soient bons ou mauvais. Et c’est ce que nous avons demandé de raconter aux personnes interviewées. Les présidents Mario Di Pietrantratonio et Jean-Michel Viquerat étaient d’accord pour parler des victoires et des défaites lors des derbies de la Plaine de l’Orbe précédents, et notamment de la fameuse victoire des Bavoisans par 6 à 2. Ce sont les mêmes souvenirs qui sont revenus à Bekim Uka. « Vagui » Gomes, quant à lui, se remémorait que c’était lorsqu’il affrontait Sion et Servette qu’il était le plus motivé quand il portait les couleurs du Lausanne-Sport. Amar Boumilat se rappelait de l’affrontement qu’il avait suivi à Geoffroy-Guichard entre l’AS Saint-Etienne et l’Olympique Lyonnais lorsqu’il était allé soutenir son ami Léo Lacroix, ceci dans une ambiance indescriptible. Les jeunes joueurs que sont Safet Alic, Yohan Pitton et Dejan Janjic n’ont pas encore de véritables souvenirs de derbies, le dernier se rappelant toutefois que lorsqu’il était en juniors à Vevey, les affrontements contre les voisins montreusiens avaient une saveur toute particulière.
Télégrammes
Yverdon-Sport – Bavois 2-1 (0-1)
Stade Municipal, 600 spectateurs (limite autorisée). Arbitrage de M. Ljatifi, assisté de MM. Frey et Hasanovic-
Buts: 35e Misic 0-1, 51e Peyretti 1-1, 74e Peyretti 2-1
Yverdon-Sport: Martin; Glauser (59e Alic), Sejmenovic (cap.), De Pierro, Le Pogam; Kabacalman, Lusuena; Eleouet (37e Peyretti), Fargues (46e Bunjaku), Mobulu (46e Morelli); Cortelezzi (81e Zeneli). Entraîneur: J.-M. Aeby.
Bavois: Enrico; Kurtic (cap.) (81e Djalo), Zali, Bühler, Titie; Iseni (65e Jaton), Ivanov, Qela (65e Lo Vacco); Misic, Alvarez, Begzadic. Entraîneur: B. Uka.
Avertissements: Qela (10e, jeu dur), Mobulu (16e, jeu dur), Eleouet (26e, jeu dur), Kurtic (80e, réclamations).
Remarque : 80e but de Begzadic annulé pour un hors-jeu pas évident.
Yverdon Sport II – FC Champagne Sports 4-0 (0-0)
Stade Municipal, 180 spectateurs. Arbitrage de M. Baltazard, assisté de MM. Caillet et Kouyate.
Buts: 52e Pitton 1-0, 67e Luwawa 2-0, 75e Dauti 3-0, 81e Silva 4-0
Yverdon-Sport II: Chouet; Semedo (78e Teukam), De Amorim, Damjanovic; Pitton, Pitronaci (68e Barry), Luwawa, Gudit (cap.) (77e Pereira); Martini (73e Ngoma), Dauti (78e Haxhiu). Entraîneur: V. Gomes.
Champagne: Ferati; Fiorese (75e Loskov), Kanté (cap.), Janjic, Ngongo; A. Cornu, Gheara, G. Cornu (62e Gomes), Kühne; Brahimi (54e Vladimirov), Bawa-Samba. Entraîneur: E. Omerovic.
Avertissements: 41e Pitronaci (foul), 43e A. Cornu (foul), 46e Kanté (jeu dur), 52e Brahimi (réclamation).
Expulsions: 46e A. Cornu (2e avertissement), 52e Kanté (foul), 76e Vladimirov (touché l’arbitre).