Emmené par le duo Sébastien Grossin – Mario Suriano, le FC Boudry s’est installé dans la première partie d’un classement rendu bancal par les diverses annulations. Quatrièmes avec 17 points en 8 matches, les Boudrysans respectent leur feuille de route d’avant-saison.
Littoralfoot.ch a demandé Mario Suriano de faire le bilan de cette première partie de saison tronquée.
Mario, votre équipe se comportait bien avant l’interruption de la saison…
Effectivement, on compose un duo qui marche super bien, avec Sébastien Grossin. Notre effectif est relativement jeune et on connait les défis inhérents à cette situation. On a réussi à créer un groupe et notre bilan est très satisfaisant. On visait la première moitié du classement et on espérait jouer un rôle derrière les favoris, et c’est exactement ce que l’on fait actuellement. Il faut toutefois un peu relativiser puisque tout le monde n’a pas pu jouer le même nombre de rencontres et qu’il nous manque trois parties pour compléter cette première partie de saison.
Pourtant cela ne semblait pas gagné d’avance après votre entrée en matière catastrophique à Saint-Aubin contre Béroche-Gorgier…
C’est clair, on avait été complètement à côté de notre affaire, surtout en première mi-temps où on s’était retrouvés menés 4-0. La deuxième période a été meilleure de notre côté, sans doute aussi parce que Béroche avait relâché sa pression (ndlr: score final 4-1). Puis ensuite on a enchaîné quelques parties intéressantes. A Bôle, on a livré notre match référence (ndlr: victoire 1-2). Après, il y a ce couac contre Saint-Imier. On menait 2-1 à la pause et on avait eu de nombreuses occasions de tuer le match. On ne l’a pas fait et comme le dit joliment Sébastien Grossin, on a éteint la lumière en deuxième période (ndlr: défaite 2-4). On peut parler de problème de jeunesse. Le dernier match contre Coffrane, nous n’avons pas été ridicules non plus. On a perdu 3-2 contre une équipe qui est vraiment au-dessus du lot. Coffrane c’est clairement une cylindrée supérieure par rapport au reste des formations de la ligue. En résumé, on peut dire qu’en championnat, on est bien dedans et que tout est ouvert. On avait bien bossé et on était en d’excellentes dispositions pour accueillir Marin, mais le match a été annulé en raison d’un cas avéré de coronavirus et de plusieurs suspicions de cas chez notre adversaire. Ensuite, on se préparait à affronter Audax, contre qui on souhaitait prendre notre revanche, mais là aussi, le match a été annulé, puis la saison s’est arrêtée.
Audax… La transition est toute trouvée pour parler de la coupe neuchâteloise…
Très grosse déception que cette élimination en prolongations en huitièmes de finale de la coupe. On devait finir le travail bien avant. Audax s’est montré hyper discipliné en défense où il nous a attendus alors qu’on a dominé la rencontre de la tête et des épaules. Puis il a marqué en contre. Le scénario s’est reproduit en prolongations… Il faut l’accepter, ça fait partie du foot, mais c’était dur à digérer.
Photos: H. Nicolet, L. Duperrex.
Revenons-en à cette coupure abrupte de la saison. Comment vivez-vous cette période inédite où l’on doit réapprendre à vivre selon les normes dictées par le coronavirus ?
J’ai moi-même été infecté et j’ai été très mal pendant trois semaines au point qu’avec mon médecin traitant, on a même pensé à me faire hospitaliser! Si les urgences n’avaient pas été saturées, cela se serait peut-être fait. Mais finalement j’ai pris des antibiotiques et mon état a fini par s’améliorer.
A ouais, quand même… Et au niveau sportif, vous avez insisté sur le défi qui était le vôtre avec vos jeunes, de parvenir à créer un groupe. Vous n’avez pas peur que le travail fourni à cet effet ne soit réduit à néant par cette pause aussi longue que forcée?
Non, je ne pense pas que les automatismes auront disparu. Le foot, ça reste du foot. Maintenant, c’est clair qu’avant le deuxième tour, il y aura une remise en question générale. Mais c’est valable pour tout le monde, pour toutes les équipes. Et puis, je pense que ce sera plus facile pour nous dans le sens où les jeunes s’adaptent très facilement aux situations nouvelles. Mais c’est vrai que ça fait plus d’un mois qu’on ne se voit plus… C’est long.
Justement, ne pensez-vous pas que votre rôle de coach a encore évolué en raison de la période que nous traversons, que vous coiffez encore une casquette supplémentaire dans le relationnel avec vos joueurs?
Non, avec Seb (ndlr: Grossin), nous n’avons pas besoin de jouer aux papas ou aux psys. Mais c’est vrai qu’on a eu un discours rassurant et bienveillant lorsque la deuxième vague pointait son nez. On a expliqué à l’équipe que si quelqu’un préférait éviter de s’entraîner au vu de la situation, on comprendrait sa décision et on lui en tiendrait pas rigueur. Les personnes concernées avaient la possibilité de nous informer de leur décision en message privé.
Et du coup, certains joueurs ont saisi cette opportunité?
Non aucun. Bon, on avait aussi adapté nos dispositions pendant les entraînements. On a respecté tant que faire se pouvait les distanciations et on a demandé aux gens de venir changés et de se doucher chez eux. Seuls ceux qui se déplaçaient en transports publics avaient le droit de se doucher après les séances.
Bon et maintenant, comment envisagez-vous la suite de la saison?
L’an dernier, on avait fait toute la préparation en vue du deuxième tour, pour rien. Là, j’ai vu que les joueurs se prennent en main. Certains s’entraînent seuls au niveau physique, ils vont courir. Pour ma part, j’espère qu’on pourra reprendre la préparation fin janvier et qu’on aura 6-7 semaines pour travailler avant la reprise du championnat. A Boudry on a la chance de bénéficier de l’appui d’un préparateur. D’ailleurs, on va avoir une séance avec Seb et ce dernier en cette fin de semaine (ndlr: interview réalisée jeudi dernier) pour discuter du programme qu’on va envoyer à nos joueurs.