Neuchâtel Xamax a connu une cinquième fois d’affilée les affres de la défaite, vendredi soir face à Aarau (2-4). Maladroits devant, les Xamaxiens se sont fait bêtement avoir en contre.
Après avoir subi le hold-up du SLO mardi (0-1), Xamax a connu un nouveau revers mortifiant vendredi soir sur le tarmac de la Maladière. Dominateurs dans le jeu, les hommes de Stéphane Henchoz ont cruellement manqué de réalisme en attaque et ont offert des goals sur un plateau en défense. Igor Djuric n’a pas caché sa frustration à l’heure de l’interview.
«Aarau a conclu quasiment toutes ses occasions et nous avons pris des buts de juniors, pestait le Tessinois. Nous n’avons pas su gérer notre possession de balle et n’avons pas réussi à concrétiser nos nombreuses actions. Alors si en plus, on défend mal…» Il n’y a effectivement pas grand-chose à attendre qu’une punition logique.
Naïveté et manque de réussite: un cocktail tout sauf explosif
Et c’est peut-être bien là que le bât blesse. Séduisant dans le jeu, mais incapable de conclure, ce Xamax tantôt vendangeur, tantôt tricoteur, suscite bien des espoirs aussitôt déçus. De nouveau articulé en 4-3-3, le dispositif neuchâtelois s’est montré aussi travailleur que naïf… Si la jouerie et l’abnégation étaient bel et bien au rendez-vous, les lacunes défensives sont apparues béantes.
«Il ne faut pas oublier que nous avons commencé la saison à huit joueurs» a tempéré Djuric. Certes, il ne faut pas non plus négliger l’impact de la quarantaine subie par le groupe et encore moins la répétition des matches dans des conditions désormais hivernales. Mais toujours est-il que les excuses n’ont jamais rapporté de points au classement. Et il commence à y avoir péril en la demeure.
Si l’on se refuse à tirer sur l’ambulance rouge et noir, il convient d’admettre que Stéphane Henchoz va devoir aller puiser dans toutes ses ressources psychologiques pour réussir à remettre la machine dans le bon sens avant que le spectre de la relégation ne donne des cauchemars à la colonie xamaxienne. Car rien ne sert de bien jouer – même très bien! – si l’on ne capitalise pas.
A la recherche de la bonne formule
La charnière centrale formée de Mike Gomes et Igor Djuric est apparue émoussée et les alternatives à disposition du coach ne sont pas légion avec les seuls Yves Kaiser et le jeune Yoann Epitaux capables d’évoluer dans l’axe défensif.
L’alignement du polyvalent Freddy Mveng en latéral droit titulaire appelé à basculer en 6 lors des premiers changements est-il également viable à long terme? Pas sûr lorsque ce sont justement stabilité et repères qui semblent faire défaut à Xamax et qu’Adam Ouattara a été loin d’être ridicule sur le flanc droit de la défense rouge et noir cette dernière semaine.
Avant le déplacement à Zurich lundi où Xamax affrontera le favori GC, il va falloir trouver des moyens de stopper l’hémorragie et amener un peu de sérénité à la Maladière. A Henchoz, passé du 4-4-2 au 4-3-3 de se poser les bonnes questions afin de trouver le meilleur équilibre possible. A l’heure de défier l’ogre zurichois, la prudence pourrait être de mise et nécessiter l’introduction d’une deuxième sentinelle. Si l’entraîneur dispose de deux jours pour trouver la formule magique, il ne peut par contre rien faire pour aider ses artificiers à retrouver leur verve.
Un sidérant déchet offensif
Sevrés de réussite depuis trop longtemps, les joueurs offensifs doivent gagner en efficacité. Une qualité qui leur fait actuellement cruellement défaut malgré l’abnégation témoignée par les Maxime Dominguez, Juan Manuel Parapar, Raphaël Nuzzolo, Jason Mbock et surtout par l’infatigable Louis Mafouta.
«En deux matches, on s’est créé combien? Trente occasions? Et on est incapable de les concrétiser. Quand tu rates une fois, deux fois, la frustration gagne. Le foot est simple, quand tu ne marques pas, tu ne gagnes pas. Surtout si en plus tu fais des erreurs derrière, analysait on ne peut plus pertinemment Djuric après la rencontre. Puis de faire son mea culpa: j’assume ma part de responsabilité. Par exemple, sur le troisième but d’Aarau, je sors bêtement.»
Une réussite argovienne sur laquelle il n’est pas forcément idiot de s’arrêter: 1. Michael Kempter a brillé par son absence. 2. Mike Gomes s’est fait déposé par le brillant Petar Misic et – comme il avait déjà été averti préalablement – le Neuchâtelois n’a pas osé actionner le frein d’urgence, une option qui aurait été bien entendu été synonyme d’un deuxième carton jaune, donc d’une expulsion qui aurait forcément fait tache, avant la rencontre de lundi. Et 3. Djuric a effectivement commis une improbable erreur de placement. Dommageable, d’autant plus que le Tessinois – tout comme Migjen Basha au demeurant – avait déjà paru dans ses petits souliers sur le 0-2 signé Filip Stojilkovic.
Une mauvaise constellation
Certes ces faits de jeu ne résument pas à eux seuls le contenu d’une rencontre, on le répète (!), dominée par les Neuchâtelois, mais ils illustrent on ne peut mieux le manque de sérénité affiché par des Xamaxiens stériles offensivement et coupables d’errances défensivement.
«Avec les prestations livrées mardi et aujourd’hui (ndlr: vendredi), j’ai confiance en l’équipe. Je sais que l’on peut s’en sortir. Mais ce qui est dur, c’est qu’on n’a pas vraiment le temps de travailler entre les matches qui s’enchaînent à un rythme effréné.» Il va pourtant falloir se montrer inventif et trouver les moyens de se sortir de la crise le plus rapidement possible.
Télégramme:
Xamax – Aarau 2-4 (1-2)
Maladière. Huis-clos. Arbitre: M. Schärli.
Buts: 8e Aratore 0-1. 31e Stojilkovic 0-2. 45+2′ Djuric 1-2. 55e Balaj 1-3. 57e Mafouta 2-3. 77e Spadanuda 2-4.
Neuchâtel Xamax FCS: Walthert; Mveng (85e Surdez), Djuric, Gomes, Kempter; Dominguez (85e Mbock), Basha, Morina (46e Ouattara); Parapar (61e Teixeira), Mafouta, Nuzzolo.
FC Aarau: Enzler; Giger, Zverovic, Bergsma, Lujic (58e Caserta); Balaj (Lüscher-Boakye), Aratore (73e Schwegler), Hammerich, Rrudahani (88e Karakurd); Misic (73e Spadanuda), Stojilkovic.
Notes: Xamax sans Farine, Pasche, Dugourd et Frick (blessés). Aarau sans Gashi et Schindelholz (malades) ni Thaler, Thiesson, Qollaku, Hajdari, Verboom, Peralta (tous blessés) et Jäckle (suspendu). Morina sort à la pause sur blessure. But de Mafouta annulé pour hors-jeu à la 75e.
Fil de match:
Aratore a ouvert les feux pour les visiteurs d’un superbe coup-franc à la 8e. Sa frappe en cloche est passée au-dessus du mur avant d’aller se loger à ras le poteau droit de Walthert, 0-1.
A la 22e, Mafouta manquait de précision sur un très bon coup-franc de Nuzzolo en envoyait sa tête au-dessus de la cage argovienne.
Six minutes plus tard. Admirablement lancé par Misic, Stoljikovic se jouait de Djuric et Gomes, contournait Walthert mais manquait le cadre. Ce n’était que partie remise pour l’attaquant argovien qui doublait la mise pour les visiteurs après avoir mis dans le vent Basha et Djuric sur un nouveau rush du très inspiré Misic (31e).
A la 34e une frappe insidieuse de Basha des 18 m nécessitait une intervention d’Enzler. A la 43e le gardien des visiteurs remportait son duel devant Mafouta. A la 45e, Xamax a réduit le score par une tête de Djuric sur un coup franc de Nuzzolo. Galvanisés par cette réussite, les Neuchâtelois se sont encore montrés dangereux par deux fois à la 45e + 2′. Mais Enzler a été intraitable sur une frappe de Dominguez des 16 m avant que Zverotic se montre plus prompt que Mafouta dans la foulée.
A la 55e, Misic, très en verve, a livré une offrande à Balaj, qui d’un tir croisé et ras-terre trompait Walthert pour la troisième fois de la soirée. Xamax réagissait deux minutes après par Mafouta à la reprise d’un centre au cordeau de Parapar (2-3).
A l’heure de jeu, Dominguez, pourtant très bien placé, manquait le cadre d’un cheveu, sur sa tête. A la 77e, sur un nouveau contre assassin des Argoviens, Kevin Spadanuda, fraichement entré, faisait parler sa puissance et témoignait d’un admirable sang froid pour sceller le score. Cruel pour Xamax.