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2e Ligue NE

Le FC Bôle comme un bon vieux diesel

L’été avait été rythmé par les nombreuses arrivées à Champs-Rond. Entraîneurs et joueurs ont tout d’abord dû apprendre à se connaître, à fonctionner ensemble. Et comme un bon vieux diesel, une fois lancé, le FC Bôle avait atteint son rythme de croisière avant de voir son épopée bloquée net en raison de la pandémie de Coronavirus.

En cette période tristounette de repos forcé, Littoralfoot a rembobiné le film avec Cédric De Souza, le coach bôlois.

Cédric, avant la saison, vous aviez défini les objectifs ainsi: jouer les premiers rôles en championnat et aller le plus loin possible en Coupe de Suisse et en Coupe neuchâteloise. En championnat, vous êtes clairement dans le tir, en coupes par contre, tout ne s’est pas déroulé comme vous l’aviez espéré. Parlons déjà championnat, quel bilan tirez-vous après cette première partie de l’exercice?

On a connu des débuts compliqués. C’était une nouvelle équipe, des nouveaux coaches, il a fallu que la mayonnaise prenne. Bien sûr qu’il y avait eu la préparation avant le championnat, mais la compétition, c’est tout autre chose que les entraînements et les matches amicaux. On savait que le facteur «nouveauté» devait être pris en compte et que cela nécessiterait du temps avant que tout soit bien mis en place. Mais une fois qu’on a tous trouvé nos repères, notre rythme a été soutenu (ndlr: 5 succès et 1 nul lors des 6 derniers matches de championnat, excusez du peu!). On a aussi connu des pépins au niveau physique. J’ai eu jusqu’à neuf joueurs blessés simultanément. Mais bon, on joue effectivement les premiers rôles derrière Coffrane qui n’a pas égaré le moindre point jusqu’ici. Une performance très rare à ce niveau (ndlr: 2e ligue).

Ce brusque arrêt forcé, dû à la pandémie de coronavirus, vous a quelque peu coupé dans votre élan. Le classement est certes boiteux avec des équipes qui comptent 9 matches, d’autres 8 et d’autres encore seulement 7. Toutefois, vous faites figure de principal détracteur de Coffrane pour la promotion. Comment vivez-vous cette situation extraordinaire liée au COVID en tant que coach?

C’est déjà en tant qu’humain avant qu’en tant que coach que je dois, comme tout le monde, faire face à cette situation extraordinaire. Il faut avant tout penser au bien-être de nos familles et des gens que l’on côtoie. Après, en tant qu’entraîneur, j’ai dû m’adapter parfois, au niveau des préparations, en composant avec les absences dues aux quarantaines préventives ou même à la maladie puisqu’un de nos éléments a contracté le virus. On a vu que plusieurs équipes ont été plus durement touchées par le COVID que nous. Ces moments sont difficiles à vivre pour tout le monde.

Justement, en cette période troublée, vous sentez-vous investi d’une mission supplémentaire sur le plan humain, auprès de vos joueurs?

J’ai toujours fonctionné en accordant la priorité à l’humain alors cela va de soi pour moi. Le collectif prime inconditionnellement sur les qualités individuelles. Peu m’importe qu’un joueur soit super doué, s’il n’arrive pas à se fondre dans le collectif. Lorsqu’on a bâti ce groupe, l’été dernier, on a été attentifs à cela car c’est très important que les joueurs se sentent bien. Mais lorsqu’on dispute une rencontre, il ne faut pas seulement avoir ce sentiment de bien-être, il est également nécessaire de trouver une ambition commune, de se transcender. Le groupe est sain et vit bien ensemble, ce qui est un plus sur le terrain, mais également pour faire face à la situation que nous vivons actuellement. C’est très dur d’être complètement à l’arrêt. J’ai donné quelques consignes, mais on reste quand même passablement impuissants.

Cet arrêt net de la compétition a forcément un peu nuit à la dynamique de groupe puisque vous avez été contraint de stopper toutes vos activités…

Oui, avant, on restait souvent un moment à la buvette après les entraînements. Et les joueurs se connaissaient pour la plupart avant de se retrouver à Bôle et se côtoyaient aussi en-dehors du foot. Avec cet arrêt abrupte, on a pas pu faire les activités extra-sportives qu’on avait prévu d’organiser, mais le groupe reste positif malgré tout.

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Photos: H. Nicolet, M. Fragnière, G. Bohnenstengel.

Revenons-en au football et plus particulièrement à votre début de saison poussif… Avez-vous, à un moment, douté?

Oui, quand même un peu. Notre élimination en Coupe de Suisse a représenté une sacrée déception. Forcément, je me suis fais la réflexion suivante: «est-ce que je vois cette équipe trop belle?». J’observais mes gars à l’entraînement et ce qu’ils produisaient était de qualité et puis en match, on n’arrivait pas forcément à reproduire ces mêmes belles choses. Il y avait d’autres facteurs qui entraient en ligne de compte, notamment la pression. J’avais confiance en moi, en mes qualités et en celles de mon groupe, mais il fallait qu’on parvienne à jouer nos matches, pas juste à les vivre…

Du coup, comment avez-vous pu aider vos joueurs à se transcender?

Ce sont eux qui sont actifs sur le terrain, moi je devais juste donner les bonnes impulsions. Il s’agit parfois de simplement trouver le mot juste pour permettre à un joueur de surmonter la pression inhérente à la compétition.

Ca a l’air de bien fonctionné au vu de la série positive que vous avez réalisée avant la pause forcée… Il n’y a que cette élimination en Coupe, contre l’ogre Coffrane qui entache un peu votre bilan exceptionnel…

Oui, on a perdu aux tirs aux buts, alors je ne peux pas en vouloir à mes joueurs, d’autant plus qu’on a proposé de jolies choses durant cette rencontre et que Coffrane a eu les faits de jeu à son avantage puisqu’on a encaissé un but d’entrée de jeu et qu’on a dû revenir, par deux fois, au score.

Vous n’avez pas encore joué contre Coffrane en championnat… Vous aurez dès lors l’occasion d’être le premier grain de sable dans les rouages de cette formidable machine vaudruzienne…

Oui, je l’espère. En Coupe neuchâteloise, on leur (ndlr: Coffrane) a bien tenu tête, malgré les absences. Je pense qu’ils ont été surpris par le niveau témoigné par mon équipe.

Pour pouvoir avoir l’opportunité de jouer contre Coffrane, il faudra évidemment que le championnat reprenne. Or, on est tous suspendus aux décisions du Conseil Fédéral et de celles de l’ANF. On imagine qu’il n’est guère évident de naviguer à vue à ce propos…

Oui, cette période d’incertitude est très difficile à vivre. Dès qu’une date de reprise sera fixée, on pourra enfin savoir si on aura la possibilité de faire une bonne préparation ou pas. Comme on a déjà donné en matière de blessures, j’espère sincèrement qu’on pourra être fixés rapidement afin de pouvoir au mieux préparer la reprise.

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