Xamax a été passé au laminoir 0-3 par un Thoune solide, discipliné, inspiré et opportuniste, vendredi à la Maladière.
Alors qu’Andrea Binotto avait décidé d’évoluer avec une défense à trois inédite avec Kaiser, Bangura et Kempter, la formule n’a guère convaincu. Dans un dispositif en 3-5-2 plus souvent décliné en 3-1-4-2 avec Mveng esseulé dans le rôle de sentinelle, les rouge et noir ont semblé incapables de trouver leurs marques. Le manque de liant entre les lignes demeurant encore et toujours une équation insoluble pour les Xamaxiens.
A l’instar d’un Morgado naviguant comme une âme en peine dans son couloir gauche ou d’un Parapar régulièrement à contre-temps, les Xamaxiens ont fait peine à voir. Rencontrant d’insurmontables difficultés à la construction, les Mveng et autres Dominguez n’ont jamais réussi à trouver la bonne carburation, le bon ciment pour la cohésion entre les lignes…. Et encore moins les intervalles.
Entrés pour les deux derniers nommés à la mi-temps alors que le tableau lumineux indiquait déjà 0-2, Morina et le nouveau venu Motumbo s’en sont à peine mieux sortis que leurs prédécesseurs. A mi-terrain, seule l’abnégation d’un Corbaz pas toujours très inspiré cependant, a donné un semblant de change à la partie adverse.
Une nette différence de classe et d’efficacité
Dans un match où les visiteurs ont fait valoir leur justesse technique, leur fluidité et un certain sens de l’opportunisme, les très talentueux Schwizer et Karlen se sont amusés à mettre hors-jeu les lignes xamaxiennes en deux temps, trois mouvements. Esseulé en pointe, le très percutant Kyeremateng a sans cesse bousculé la fébrile arrière-garde neuchâteloise alors que le racé Dzongalic, auteur d’un doublé, a fait valoir ses indéniables qualités de finisseur. En une phrase comme en mille: il n’y a pas eu photo vendredi soir à la Maladière entre un leader conquérant et en confiance et l’avant-dernier poussif du championnat de Challenge League.
Si, à l’heure de l’interview, l’entraîneur Andrea Binotto se réfugiait – à juste titre – derrière le personnel à sa disposition et donc les nombreux blessés dans le secteur défensif (Epitaux, Gomes, Ouattara et Djuric) pour justifier une défense réduite à trois éléments, force est de reconnaître que l’abondance de biens dans le secteur offensif n’a pas rimé avec qualité. Si on ne peut évidemment pas reprocher à Mafouta, l’homme aux trois poumons, son incroyable abattage, on peut par contre clairement fustiger son manque de clairvoyance. Son centre «pour personne» à la 63e en est l’illustration la plus limpide.
Photos: Leo Duperrex
Titularisé en double pointe après avoir commencé les deux dernières rencontres sur le banc, Nuzzolo ne s’est guère montré plus inspiré que son compagnon d’attaque. Il a surtout fait preuve d’une grande nervosité qui aurait pu être sanctionnée plus durement par M. von Mandach, lequel s’est contenté de brandir au vétéran neuchâtelois un carton jaune, malgré ses accrochages répétés avec Kablan et ses nombreuses réclamations. Tant mieux pour Xamax.
Quant à Morgado et Parapar, ils ont tout simplement été fantomatiques alors que Dominguez a régulièrement été pris en train de se marcher sur les pieds avec Parapar, Mafouta, Corbaz ou même Mveng, faute de timing adapté. En clair les joueurs offensifs xamaxiens se sont plus souvent signalés par leur maladresse et leur désorganisation que par leurs bons coups.
Une étincelle venue du banc
Finalement, outre la prestation du gardien Walthert dont la responsabilité n’a été engagée sur aucun des buts adverses, il n’y aura eu qu’une étincelle du côté xamaxien: l’entrée remarquée du très prometteur Surdez. Pur produit de la Fondation Facchinetti, le jeune homme de 18 ans a, une demi-heure durant, apporté beaucoup d’énergie et surtout osé, là où ses coéquipiers plus expérimentés semblaient paralysés et résignés.
Décomplexé, l’attaquant de métier a aligné les aller-retour dans son couloir droit, n’hésitant pas à chercher les relais et s’offrir comme solution dans la construction, ne rechignant pas non plus à revenir jusqu’à la hauteur de ses propres 16 m pour épauler Kaiser.
De quoi valoir à Surdez les louanges d’un coach convaincu que le jeune homme a les qualités requises pour s’installer durablement dans la rotation xamaxienne: «J’ai beaucoup aimé son entrée, il y a un coup à jouer pour lui, pour la suite», a promis Andrea Binotto. Dès samedi prochain à Aarau où Parapar sera suspendu? Réponse le week-end prochain!
Télégramme:
Neuchâtel Xamax FCS – FC Thoune 0-3 (0-2)
Maladière. Huis-clos. Arbitre: M. von Mandach.
Buts: 21e Dzonlagic 0-1. 36e Duzonlagic 0-2. 69e Schwizer 0-3.
Xamax: Walthert; Kaiser, Bangura, Kempter; Mveng (46e Morina); Parapar (65e Surdez), Dominguez (46e Motumbo), Corbaz (84e Saiz), Morgado; Mafouta (65e Koura), Nuzzolo.
Thoune: Hirzel; Kablan, Sutter (81e Rodrigues), Havenaar, Hefti; Hasler (63e Fatkic), Rüdlin; Schwizer (81e Vasic), Karlen, Dzonlagic (63e Da Silva); Kyeremateng (81e Chihadeh).
Notes: Xamax sans Pasche, Dugourd, Basha, Epitaux, Frick, Gomes, Ouattara et Djuric (blessés), Teixeira, Roth, Hummel et Mbock (avec les M21). Thoune sans Castroman, Salanovic (blessés), Wetz, Fuhrer, Ahmed et Joss (non-convoqués).
Avertissements: 16e Parapar, 17e Kyeremateng, 50e Nuzzolo, 78e Sutter.
Fil de match: Bien servi par Morgado, Mafouta a lancé les hostilités à la 8e. Las pour Xamax, sa frappe était légèrement trop enlevée. Thoune a répliqué à la 17e par Dzongalic dont la tête a terminé sa course sur la transversale neuchâteloise. Le même Dzongalic s’est montré plus inspiré quatre minutes plus tard sur un service de Karlen admirablement lancé par Schwizer: 0-1.
A la 23e Corbaz a eu un ballon d’égalisation au bout du pied, mais sa reprise brouillonne a manqué le cadre, malgré le bon centre de Mafouta aux 6 m, après un joli travail préparatoire de Kempter. A la 35e Schwizer a mal dosé sa passe pour ce diable de Dzonlagic, a qui il a manqué une foulée pour propulser la balle au fond du filet neuchâtelois, sur une dangereuse transversale. La minute suivante le très remuant Dzonlagic signait le 0-2 consécutivement à une perte de balle de Parapar, une passe en profondeur de Schwizer, un centre de Karlen et un rebond sur le talon du Dangura…
A la 37e, Mafouta pouvait enfin réaliser le premier tir cadré des Neuchâtelois sur un centre de Dominguez, auteur d’un numéro aussi artistique que chanceux. Thoune n’a pas attendu avant de rallumer les feux en seconde période. A la 46e, Kyeremateng mettait déjà Walthert à contribution. A la 65e, une tête d’Havenaar sur un corner de Schwizer passait d’un cheveu à côté de la cage neuchâteloise. Une minute plus tard, Surdez, qui venait d’entrer pour Parapar s’infiltrait dans la défense bernoise et envoyait un pétard mouillé.
A la 69e, Thoune punissait Xamax sur une rupture initiée par Karlen, relayée par Kyeremateng et conclue par Schwizer. Le même homme, idéalement placé au 2e poteau a trop enlevé sa frappe à la 75e, sur une nouvelle offrande de Karlen. Admirablement lancé par le Valaisan, Vasic aurait pu aggraver le score à la 92e, mais après avoir éliminé Walthert, le joker thounois n’est pas parvenu à cadrer.