L’heure de la reprise des entraînements a enfin sonné après une longue et déprimante pause imposée par la situation sanitaire et les autorités. Nous sommes allés faire un tour à Pierre-à-Bot pour dresser l’état des lieux du côté de l’ASI Audax, en compagnie du coach Micael Dias. Interview.
Micael, comment avez-vous vécu cette période particulière et forcément pas évidente à gérer pour un entraîneur, avec les nombreuses incertitudes inhérentes à la situation sanitaire?
Oui l’attente a été longue et le fait d’être sans nouvelles du canton pénible. On a quand même donné un programme individuel à suivre à chaque joueur. Une bonne partie d’entre eux ont joué le jeu. On n’est évidemment pas là pour les surveiller… Mais on est restés en contact. On les a appelés, on leur a mis des messages pour les stimuler. Dès qu’on a pu se retrouver en extérieur par groupe de 5, en février, on l’a fait, pour remettre un peu le corps en activité parce que la pause a été longue et le problème n’était pas seulement de toucher le ballon, mais également d’éviter de reproduire la même erreur que cet été, où après une longue pause forcée, les corps n’avaient pas forcément bien accepté le retour au sport. On avait peut-être trop forcé et plusieurs éléments avaient subi des blessures. Il y avait bien sûr eu des accidents, mais aussi pas mal de petits muscles qui avaient pété. Cet hiver, on essaie donc de mieux préparer les organismes.
Quelle est votre stratégie pour vous prémunir contre ces incidents?
Dans premier temps, il y a eu ce programme individuel qui était composé de renforcement musculaire et de course. Ce dernier devrait permettre aux joueurs de se maintenir autant au niveau cardio qu’en matière de poids. On avait mis différents programmes à disposition, selon la motivation des gens. Pour préparer la reprise des entrainements, on a donné un programme commun, mais moyen au niveau de l’intensité. Cela nous a permis de voir où en était chacun et de prendre la température des niveaux des joueurs, en fonction de ce qu’ils avaient ou non travaillé. Puis, on a fractionné le travail selon les groupes. Ainsi, chacun a pu bosser à son niveau sans risquer d’être en surcharge.
Comment avez-vous défini les groupes, sur quels critères?
En faisant des tests. Les résultats ont permis de déterminé les niveaux. Certains étaient au-dessus de ce qui était attendu à un jour «J». Avec eux, on savait qu’on devait aller au-delà des critères attendus, afin d’éviter qu’ils soient en sous-performance et donc de détériorer leur condition physique. A l’inverse, pour ceux qui étaient en-dessous du niveau prévu, on a dû adapter l’intensité demandée pour éviter de les mettre en surcharge et de risquer la blessure dans les semaines ou les mois à venir.
Ce sont de véritables calculs de mathématicien pour parvenir à cette analyse… Qui les a faits?
C’est moi qui ai calculé les VMA pour pouvoir définir les temps et distances d’efforts de chaque joueur. Par mon parcours et par curiosité personnelle, j’ai acquis certaines notions. Je me renseigne beaucoup pour savoir comment gérer l’effort physique, et pour qu’un joueur soit au top physiquement sans risquer de se blesser. Pas question de fonctionner à l’ancienne en faisant faire le maximum de tours de terrain, de pousser, pousser, pousser et de finalement s’étonner qu’on récolte des blessures. Mais c’est vrai que le football devient de plus en plus mathématique et scientifique.
On retrouve beaucoup de jeunes dans votre effectif, mais également quelques anciens. Qui a été le plus discipliné durant cette longue pause? Y a-t-il eu un lien entre âge et comportement?
Non, l’âge n’a pas eu de réelle incidence. On le voit dans les tests. Majoritairement, les jeunes étaient plus performants, mais ce n’était pas un constat unanime. Il y avait aussi quelques joueurs de plus de 30 ans qui étaient dans le groupe fort en matière de condition physique. Je dirais que c’était plus une question d’état d’esprit que d’âge. Il y avait aussi des jeunes qui m’ont avoué qu’ils n’avaient rien fait pendant la pause, pour des questions professionnelles, d’études ou carrément de motivation.
A l’heure actuelle, on n’est pas encore fixés quant à la date potentielle de la reprise des matches. Comment travaille-t-on avec cette incertitude que l’on imagine pesante?
A nous coaches de trouver le bon équilibre lors des entraînements, pour que ces derniers soient attractifs malgré l’absence de contacts. C’est la science de l’entraîneur qui ne doit pas seulement venir poser des cônes et faire courir les joueurs. On l’a fait dans un premier temps. Maintenant on est déjà dans une deuxième phase dans laquelle on intègre le ballon dans le travail physique. On essaie de développer des formes jouées sans contacts pour que les séances restent attractives.
Niveau reprise, on l’a dit, c’est toujours la bouteille à l’encre. Trois options ont été avancées. 1. Celle de tout jouer le programme prévu en alignant les semaines anglaises. Plus on avance dans le temps, moins cette dernière ne semble envisageable. 2. Il y a l’idée de terminer le premier tour et de scinder les championnats en deux poules, une forte, se battant pour le titre, l’autre faible, luttant contre la relégation avec encore l’éventualité de mettre sur pied un système de play-off et de play-out. 3. Simplement terminer le premier tour afin de pouvoir valider les promotions et relégations. Quelle option vous paraît la meilleure?
En procédant par élimination, la première semble très compromise. Et elle serait complètement incohérente au vu de la longue pause à laquelle nous avons été astreints. Le risque de blessure serait trop important et à quoi bon faire une bonne préparation si c’est pour jouer tous les trois jours ensuite et accumuler les blessés? Et vu la longueur de certains contingents, dont le nôtre, on serait vite à cours de solutions. L’option n°2 est intéressante avec les play-off, play-out, mais j’ignore si elle est possible d’un point de vue réglementaire. Ce serait sympa de pouvoir défier des adversaires qui ont plus ou moins le même niveau. Reste à voir si le champion pourrait être déterminé par ce biais. Il m’apparaît peu probable qu’on puisse changer comme ça les règles en plein championnat. La meilleure solution reste dès lors la 3e: terminer le 1er tour, et jouer les matches de Coupe restants, quitte, si le temps restant le permet, à aligner quelques matches amicaux afin de préparer l’exercice suivant.
Départ et arrivée à la mi-saison: 1 départ: Quentin Parret (FC Le Locle). 1 arrivée: Diogo Zeferino (FC United Milvignes).