Hasard du calendrier ou clin d’oeil du destin, la rencontre de vendredi soir mettait aux prises l’ASI Audax au FC Boudry du duo Sébastien Grossin/Mario Suriano. Une opposition forcément pimentée par le fait que la paire en place sur le banc boudrysan remplacera la saison prochaine un Micael Dias poussé vers la sortie, à Pierre-à-Bot. Au final, les Audaxiens ont offert une jolie sortie à leur entraîneur, pour sa dernière à domicile (3-2).
«Devant notre public qui était à nouveau autorisé à prendre place en tribune, cela me tenait effectivement à coeur de terminer mon travail comme il faut», posait Micael Dias, à la fin de la rencontre. La présence de ses successeurs sur le banc d’en face constituait-elle une source de motivation supplémentaire ? «Moi j’ai fait mon job. Les gens ont pu se rendre compte par eux-mêmes de ce que cela représentait de m’avoir comme coach. Je n’ai rien d’autre à ajouter. Je suis content de l’image que j’ai laissée et j’espère que cela fera réfléchir certaines personnes». La boutade/esquive du coach profondément blessé dans son orgueil a le mérite d’être clair, et le message au comité d’Audax est transmis.
Une plus grande fraîcheur
Exigeant, minutieux, porté sur les détails voire obsessivement perfectionniste, Micael Dias avait pris le parti, malgré les incertitudes liées à la situation sanitaire, de maintenir ses troupes en forme et prêtes à l’action, par le biais de programmes spécifiques et poussés. Il a été récompensé vendredi. Face à un adversaire qui avait de surcroît encore le match de mardi dans les jambes et forcément moins affûté, Audax a fait la différence en seconde période en profitant de sa fraîcheur, après des débuts timides.
«A la mi-temps, on a dû remettre un peu les points sur les « i », parce qu’on était à la peine offensivement, on manquait de créativité dans les zones 2 et 3 puisque hormis l’ouverture du score, on ne s’était pas ménagé de véritable occasion. Ca a été beaucoup mieux après la pause. On été efficaces, on a explosé et les joueurs ont démontré que le travail effectué ce printemps était payant», a pertinemment résumé Micael Dias.
Freitas: une dédicace et un avenir à définir
Auteur d’un triplé, Dylan Freitas a célébré chacun de ses goals dans les bras de son futur ex-coach. Un signe forcément fort. «J’ai déjà marqué des triplés, mais celui-là est vraiment spécial. C’est comme une dédicace à notre coach. Comme un remerciement pour le boulot qu’il a accompli pour nous.», exprimait un homme, sans surprise, et par habitude, convoité par des équipes d’un calibre supérieur. Son avenir? Par habitude aussi, il sera à discuter. «Comme à chaque mercato, j’ai des offres émanant d’au-dessus, des propositions de clubs plus haut. Mais je vais d’abord discuter avec les nouveaux coaches, avant de prendre une décision», posait l’esthète et gentleman n° 7 d’Audax.
Les futurs nouveaux coaches d’Audax? Eux, ils l’avaient saumâtre. Au-delà du résultat absolument anecdotique pour les deux clubs qui ne jouaient rien d’autre qu’un inutile match de remplissage en pleine période d’Euro 2020, les deux hommes étaient remontés par les décisions arbitrales, qui leur avaient fait, l’un après l’autre, voir rouge. Une fois la tension retombée, on préférait toutefois relativiser, plutôt que polémiquer: «On a joué déjà mardi, à cette occasion, on a déjà perdu quelques joueurs. Aujourd’hui aussi. Le but, maintenant qu’on est sûrs du maintien, c’est de terminer la saison, en évitant les bobos», posait Mario Suriano.
Est-ce que les circonstances spéciales encadrant la rencontre avaient influencé les comportements? On jurait que non, du côté du banc boudrysan: «Audax ça a toujours été spécial pour moi. Dans ma petite histoire, je n’ai connu qu’un club et demi dans ma vie de joueur, et c’était Audax. Du coup, chaque fois que je viens ici, même en tant spectateur, il y a un pincement au coeur. Mais quand on se retrouve sur un banc adverse, on s’occupe de son équipe. On avait brièvement parlé du cas avec Seb (ndlr: Grossin), mais sans s’en formaliser», jurait le moins remonté des deux expulsés.
Les adieux gâchés de Grossin
A chaud, Suriano tentait de temporiser: «Je n’aime pas trop parler des arbitres, parce que sans eux, il n’y a pas de match… Mais ça manquait de maturité. C’est notre deuxième match après mardi. On n’est pas des pros. On n’a pas eu une préparation adéquate, comme toutes les équipes, certes. Du coup, on attend un peu plus de compassion du trio arbitral. Jusqu’à la 85e, c’était plus ou moins normal, mais après, ce trio s’est enflammé. Faire sortir un joueur blessé à l’opposé du terrain, c’est certes le règlement, mais c’est un match de remplissage… Il faut faire preuve de bon sens… », estimait Suriano, évoquant « l’étincelle qui avait mis le feu aux poudres » et qui avait fini par ternir la fin de la rencontre, dans le camp boudrysan.
Agacé par l’attitude d’un arbitre assistant avec lequel il s’est accroché à diverses reprises pendant le match, Sébastien Grossin a-t-il eu des propos intolérables après l’avertissement de l’un des siens, consécutivement à une scène nébuleuse? Sans doute. La décision arbitrale de renvoyer le coach boudrysan au vestiaire, empêchera « Seb » de tirer le rideau comme il se doit sur les… 12 ans (!) qu’il a passés à Boudry. Une suspension d’autant plus difficile à digérer.
Télégramme:
ASI Audax – FC Boudry 3-2 (1-1)
Pierre-à-Bot. 100 spectateurs. Arbitre: Gonzalez.
Buts: 33e Freitas 1-0. 38e Noseda 1-1. 74e Freitas (penalty) 2-1. 81e Freitas 3-1. 92e Santschi (penalty) 3-2.
Audax: Salvi; Moacho (77e Maggiore), Guarnieri (86e Otero), Aka a (42e Bagaric), Vauthier, Brügger; Boni, Rollier, Caetano, Avvenire (55e Fontes); Freitas. Entraîneur: Dias.
Boudry: S. Mivelle; Da. Moreira (46e Mayo), De Matos, Schornoz, Huguenin; Syla, Malonga (46e Santschi), Garcia (73e Dy. Moreira), J. Mivelle; Amadio (53e Tesfay), Noseda. Entraîneurs: Grossin/Suriano.
Notes: Boudry sans Lambelet et Cossentino (blessés). Avertissements: 73e De Matos. 88e Dy. Moreira. 92e Salvi. Expulsions: 88e Grossin et Suriano.
Fil de match:
Boudry a mis le couvert en premier. Dès la 2e Salvi a dû s’interposer sur un envoi de Noseda. A la 11e, Audax a répondu par Caetano dont le tir a été trop croisé. Le n° 10 de l’ASI n’a pas eu plus de réussite six minutes plus tard, lorsque son envoi des 18 m a fui le cadre de S. Mivelle. Sur un coup franc de J. Mivelle, Amadio parvenait à trouver Da. Moreira au second poteau, mais la reprise du latéral droit finissait sa course à côté (21e). A la 26e, Audax répliquait par un tir en pivot du très remuant Caetano, non cadré également. A la demi-heure, Syla décroisait trop sa tête pour Boudry. Trois minutes plus tard, Da. Moreira parvenait de justesse à couper un dangereux centre d’Avvenire. Sur le corner, Freitas pouvait commencer son festival. Sur un deuxième ballon, il envoyait un coup de canon depuis le coin des 16 m pour l’ouverture du score. Cela a eu le don de réveiller les visiteurs. Deux minutes plus tard, Huguenin transperçait les lignes locales d’une subtile diagonale, mais Amadio poussait trop son ballon et Salvi sortait à bon escient. A la 37e, Syla tirait au-dessus. Puis enfin, sur l’action suivante, Noseda envoyait une somptueuse prune de la lucarne droite de Salvi, des 18 m. Effusion de joie enfantine dans les gradins! Papa buteur, les Noseda allaient finir la soirée au McDo! A la 42e, Vauthier décroisait trop sa tête.
Au retour du thé, Audax remettait la pression par Avvenire dont la tête terminait dans les gants de S. Mivelle à la 48e. Cinq minutes plus tard, Freitas se montrait trop altruiste et tentait la passe de trop alors qu’il était en bonne position pour frapper, à l’orée des 6 m. A la 62e, Boni tentait une louche qui s’avérait mal dosée. A la 73e, l’arbitre indiquait le point de penalty sur une faute de De Matos sur Fontes. Freitas appliquait la sanction (2-1). Le n° 7 d’Audax lançait Fontes en profondeur à la 80e, mais Sy. Mivelle se montrait plus prompt. Freitas livrait sa deuxième pépite de la soirée à la 81e. Prise des 25 m, sa frappe enroulée trouvait le chemin des filets (3-1). Trois minutes plus tard, Noseda interceptait une passe en retrait de Rollier et forçait Salvi à la parade. A la 90e, Bagaric chauffait les gants de Sy. Mivelle sur coup franc. Deux minutes plus tard, Salvi faisait trébucher Noseda dans la surface fatidique. Santschi réduisait la marque sur penalty (3-2).