Durant la pause hivernale, Retrouvez chaque vendredi sur Littoralfoot.ch l’interview exclusive d’un joueur de la région. Retrouvez Albino Bencivenga pour ce troisième numéro. Alerte quarantenaire, Albino Bencivenga continue de faire trembler les filets pour le plus grand bonheur du FC Champvent, actuel leader de son groupe de 2e Ligue vaudoise. Rencontre!
Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Albino Bencivenga, j’ai 43 ans depuis quelques jours. Je suis technicien dans une boite d’étanchéité.
Comment le football est venu à toi ?
Depuis tout petit dans la marmite. J’ai mordu tout de suite, mes parents m’ont dit que j’avais un ballon déjà à partir de 10 mois, c’était inné. Mon père était boxeur mais il regardait tous les matchs comme les tous les Italiens à la TV.
Plus jeune, avais-tu un ou une idole ?
Oui, Roberto Baggio, le no 10.
Parle-nous de ton parcours ?
J’ai commencé à Yverdon Sport depuis tout petit. J’ai fait l’école de foot jusqu’à la première équipe. Je suis ensuite parti à Delémont puis à Bellinzone et je suis revenu dans la région à Echallens, j’ai fait une année Champagne et depuis je suis à Champvent.
Tu fais tes juniors à Yverdon, tu intègres la 1re équipe en LNB, que retiens-tu ?
Je ne vais pas dire que c’est la plus belle mais presque. Déjà en venant d’ici, je suis Yverdonnois, Arriver en première équipe c’est déjà fabuleux. Surtout que deux ans après on a fêté la promotion de Ligue B en Ligue A, pour moi cette période est magique. J’ai fini meilleur buteur du tour de relégation. Un autre mot que magique, je ne sais pas.
Tu joues avec des Leandro, Magnin, Rochat qu’est-ce qu’ils t’apportaient ?
Beaucoup de choses, surtout Leandro, je suis très proche avec lui, on s’écrit, on se voit quand il est dans la région, la saison passée il a joué avec moi à Champvent. Sinon, lui c’est un vrai attaquant, c’est la classe, il savait tout faire, il fallait juste le regarder et apprendre, écouter tout ce qu’il nous disait en étant un peut plus jeune que lui. Il m’a beaucoup appris même sur tout les plans, footballistique évidemment, mais en dehors du foot c’est vraiment quelqu’un d’exceptionnel. Le feeling, on l’a direct eu.
Et Lucien Favre?
Un monstre! On voyait tout de suite qu’il était fort. C’est un perfectionniste avec nous, déjà avec Echallens, il avait fait un sacré travail, il avait amené Echallens en Ligue Nationale B! C’est un perfectionniste, surtout avec les jeunes. Il savait tout sur tout le monde. Typiquement nous les attaquants, il savait contre quel défenseur on allait jouer, il nous disait: «contre lui, il faut passer par la gauche, il faut faire comme ça»… Et c’était vrai en plus.
Tu pars, et l’année d’après, ils sont en finale de Coupe Suisse?
Oui, dommage, c’est difficile quand tu fais toutes tes classes, tu es le petit jeune dans l’équipe… Mais je voulais aller voir ailleurs.
Ensuite tu pars à Delémont, Bellinzone, Baulmes, Echallens en 3 ans, que cherchais-tu?
Je cherchais une stabilité, je voulais un club sérieux. J’ai dû faire plus de clubs là, en 3 ans, qu’après (rires). Tous les clubs que j’ai eus, je n’en ai pas eu beaucoup. Je cherchais des jolis clubs dont on entend parler dans la région et une stabilité. Je voulais quand même jouer le haut de classement. Baulmes, ce n’est pas une erreur que j’ai faite, je ne regrette pas. Mais je ne m’y sentais pas bien. Les autres clubs que j’ai faits, ils ont tous un cocon familial: Echallens c’était incroyable, Champagne bien, Champvent… J’en parle même pas! Bellinzone pour mon côté un peu Italien, mais il y aussi une chose, c’est que chaque année le club faisait un match amical contre le Milan AC. Comme moi je suis un grand supporter du Milan AC, pas fanatique mais presque. Sauf que l’année où je suis arrivé, ils ne jouaient plus contre eux, on a joué contre Gènes, mais ce n’est pas grave, c’est aussi un club italien.
As-tu rencontré des difficultés particulières durant ta carrière ?
Non, je regrette juste deux changements d’entraineur. A Delémont la première fois, J’avais Heinz Hermann au premier tour, tour fabuleux, 9 goals en tant que milieu de terrain. Il y a eu le changement de coach, d’autres idées, je ne rentre pas forcément dans les papiers, ça se compliquait. A Bellinzone la seconde, j’ai regretté, j’en ai mis 11 au premier tour, changement d’entraineur, un autre qui vient… A cette époque j’était jeune encore, à cette période j’ai aussi perdu ma maman et le fait de me retrouver loin du foyer m’a pesé.
Tu es attaquant maintenant. Ça a toujours été le cas?
Non, j’ai commencé milieu de couloir, A Yverdon on jouait en 3-5-2 je jouais sur un couloir, après on m’a replacé en 10 et maintenant avec l’âge, devant!
Quelles sont les qualités dont doit disposer un bon attaquant?
Le sens du jeu, savoir où est le but, comment l’expliquer… Je ne sais pas, mais un attaquant doit sentir où est le but c’est dedans. Et être malin avec les défenseurs.
A 43 ans et plus de 500 goals qu’apportes-tu aux jeunes de ton équipe?
Je ne sais pas, en tout cas, eux ils ne veulent pas que j’arrête, j’y songe, mais ils ne veulent pas. Je pense que je leur amène de la tranquillité, de l’expérience.
Comment cela se passe avec les jeunes?
Oui, ils ont une jolie fougue, il y a forcément un décalage avec les années mais j’adore ça, j’adore le vestiaire, on a de très bons jeunes, on a vraiment de la chance à Champvent.
Actuellement à Champvent, vous êtes dans le wagon de tête de 2e Ligue, est-ce un objectif de monter?
A la base, ce n’était pas le cas, mais maintenant qu’on est en haut, on veut y rester. On a encore un 2e tour à faire, on verra. Mais oui, une fois qu’on est en haut cela doit l’être, on n’est pas en haut pour rien.
Quels sont désormais tes objectifs pour cette saison?
J’espère amener quelques choses aux jeunes à l’équipe, le jour où je me sentirai plus utile à l’équipe je vais m’effacer tout de suite. J’ai cette compétition en moi, mais ce n’est pas les buts qui me font continuer, cette saison j’en ai mis 15 avec la coupe mais voilà, Comme me disait un pote: «aujourd’hui tu en as mis 500, tu te rends compte?». Je ne me rends pas compte et il me disait: «prends un papier et mets 500 fois une coche». Je ferai ça quand j’arrêterai, mais pas maintenant. Là mon objectif c’est d’être utile pour eux sinon ça sera fini pour moi.
Quelles sont tes perspectives d’avenir?
Actuellement j’entraine des juniors à Yverdon, mais je ne me sens pas entraineur. Je préfère montrer les choses. Je trouve qu’entraineur c’est compliqué. Comme j’ai aussi dit, même s’ils ne me croient pas, on fera le point dans 6 mois. Dans 6 mois on verra ce que je fais. Si je continue ou si j’arrête.