Double son de cloche: les locaux estiment la victoire (3-0) logique et la cataloguent de «référence», les visiteurs pesteront les buts évitables.
Le terrain synthétique, c’est un peu ce cerbère des amateurs de foot. On peut le honnir – adieu les odeurs de boue, les tacles glissés, les crampons en fer et les chaussettes salies par ce gras qui respire le foot, les gardiens ne sortent plus salis mais le training troué par les frottements du gazon, du gazon de synthèse aussi faux que ce sport qu’on ne devrait pratiquer que sur une pelouse – mais on peut aussi l’adorer, ce synthétique: bonjour le beau jeu, posé et au sol, le redoublement de passes et le jeu où on reste debout pour éviter les éraflures.
Mardi à Champagne, les seconds furent servis.
Du jeu, du jeu et encore du jeu
Car oui, autant Champagne que Champvent pratiquent un jeu propre, on relance depuis derrière et il est quasiment proscrit de balancer devant. Ça joue au foot, dans les pieds, les actions sont construites et le milieu de terrain participe au jeu, ce milieu ne fait pas que lever la tête à voir les pamphlets lui passer au-dessus comme des avions dans le ciel. Non, le ballon est au sol.
Photos: Hervé Nicolet
Et à ce petit jeu des grandes constructions techniques, Champagne eut la bonne idée de marquer le premier, et vite. Jasko Avdic était rudement seul à la retombée d’un centre précis de Traian Jarda (3e), 1-0 et voilà que sans le savoir, à cet instant déjà, la messe était dite. Ce d’autant que Champagne doublait la mise après un carambolage rocambolesque – Kevin Hartmann taclait sur le même Jasko Avdic, (6e) – et voilà qu’en plus, les rebonds étaient en faveur de la team locale : 2-0. Mirza Pipic, dans l’entrejeu chanvannais, réagissait à la défaite comme à ces deux buts précoces: «on n’a commencé à jouer qu’après le 2-0. On prend quand même deux buts évitables, et après c’est difficile de revenir dans un tel derby. A nous de relever la tête maintenant. »
Champagne et son match référence
Justement, Champvent s’est offert une immense occasion juste avant la pause – sa seule du match ou presque! -, lorsque Pellet, magnifiquement servi par Porchet butait sur le fantasque Pinto Diniz (39e). Prendre le thé à 2-1 eut été le teaser d’une seconde période plus animée qu’elle ne le fut. Car Champagne empoignait la seconde période avec la même emphase et maitrise, tout juste le temps de boucler l’affaire à la 48e (Elissandro). Julien Kühne savourait, autant les trois buts que les trois points: «franchement, je suis très, très content. On a montré un beau visage aujourd’hui, après trois défaites consécutives (ndlr: en championnat). C’est notre match référence, il faut qu’il nous permette de remonter au classement.»
Mais alors, un match sur synthétique est-il plus docile qu’un match sur gazon boueux, là où les tacles sont amortis et les chutes encouragées ? Pas mardi: 7 cartons jaunes, peu pour réclamations mais beaucoup pour jeu dangereux, des savates ici et là, de la mauvaise foi et des coups bas «ça reste un derby», relativisait Mirza Pipic, qui s’en tiendra là, tandis que Julien Kühne réprouve: «Je n’ai rien contre Champvent mais ils ont mis quelques tacles qui étaient un peu exagérés.»
Synthétique ou non, on se réjouit du match retour, sur le gazon de Champvent.
Télégramme:
FC Champagne – FC Champvent 3-0 (2-0)
Derrière la Ville, Champagne. 60 spectateurs. Arbitre: M. Ricion.
Buts: 3e Avdic 1-0. 6e Avdic 2-0. 48e Elissandro 3-0.
Champagne: Pinto Diniz; Nowak, Dos Santos, Urs, Jarda; Cornu, Maximo, Duarte, Gomes Santos, Kühne; Avdic. Sont entrés en jeu: Luis Fernando, Gheara, Alexander, Felipe, Miguel Angel. Entraîneur: Daniel Bogman et Gil.
Champvent: Girard; Roulet, Lupede, Hartmann, Da Costa; Pipic, Poncet, Alima, Pellet, Porchet, Bencivenga. Sont entrés en jeu: Omba, Bajioua, Ravindran. Entraîneurs: Vincenzo Negro et Juan Gomez.
Avertissements: 20e Poncet (jeu très dur), 43e Cornu (jeu dur), 50e Alima (jeu dur), 65e Duarte (jeu dur), 77e Omba (jeu dur), 80e Hartmann (jeu dur), 88e Luis Fernando (jeu dur).