Revenu au FC Champagne trois ans après son départ, Jean-Yves Bonnard ressentait un sentiment d’inachevé vis-à-vis du club. Quand Carlos Rangel, directeur sportif, l’a appelé à la rescousse cet hiver, il n’a pas su dire non face à un tel challenge, lui qui a pourtant l’habitude de jouer le haut de tableau. À la tête de l’équipe en 2020, lorsque celle-ci était première de son groupe, l’entraîneur de 44 ans a désormais pour mission de sauver l’équipe d’une relégation en 3e ligue. Bien que la réussite de ce mandat ne dépende évidemment pas que de lui, il est persuadé de le mener à bien. Entretien.
Jean-Yves Bonnard, qu’est-ce qui vous a motivé à revenir au FC Champagne ?
Lors du premier tour je passais mon diplôme A UEFA, donc je ne voulais pas prendre d’équipe à ce moment-là. Mais je m’étais dit que si je recevais une proposition intéressante à Noël, je la prendrais. Carlos Rangel, qui m’avait déjà contacté l’été dernier, m’a rappelé cet hiver. Avec ce terrain, ce challenge, mais surtout la qualité des joueurs à disposition, je n’ai pas pu refuser. Lors de ma dernière aventure ici on jouait la promotion en 2e inter, désormais on doit lutter contre une relégation en 3e ligue, la pression ne va pas être la même.
Justement, cette dernière place au classement ne vous a-t-elle pas fait peur au moment de prendre votre décision ?
Oui, bien sûr qu’elle n’est pas rassurante. Nous partons avec beaucoup de retard (11 points séparent le premier non-relégable et Champagne), mais très sincèrement j’y crois ! Je suis persuadé que nous allons y arriver. Avec les renforts et les joueurs qui n’ont pas pu jouer le premier tour, l’équipe sera complétement différente. Les qualités individuelles de ces hommes devraient déjà nous permettre de faire la différence, ensuite il faudra que cela prenne collectivement. Je n’ai pas voulu refuser, car je crois au projet et au maintien !
À votre arrivée, dans quelles conditions avez-vous trouvé les joueurs ?
Quand tu es un nouvel entraîneur qui débarque dans une équipe, les joueurs ne te regardent pas de la même façon. Ils sont plus déterminés, car ils veulent se montrer. Je ne suis pas en mesure de juger le travail effectué par mon prédécesseur, mais mes méthodes sont très certainement différentes. C’est justement cette différence qui intrigue les joueurs. Je les trouve très intéressés et enthousiastes. C’est également motivant pour eux de savoir que d’autres joueurs vont arriver. Ils veulent profiter de se montrer pour gagner leur place. L’ambiance est également très bonne au sein du groupe. Donc pour l’instant je ne sens pas mes joueurs angoissés par cette dernière place.
La question est délicate mais il est légitime de vous la poser: que se passera-t-il en cas de relégation ?
Je n’y pense pas. Je préfère ne pas y penser car je suis persuadé que cela n’arrivera pas. Nous avons 13 matches à jouer, ce qui correspond à 39 points possibles. Alors certes il faudra les gagner, dans un groupe assez homogène, mais si nous allons chercher 7-8 victoires ça devrait le faire. Nous pouvons même espérer un peu mieux et finir en milieu de classement !
Vous avez signé dans un projet « international », désormais assumé par le club, quel regard portez-vous là-dessus ?
Il y a trois ans, nous avions déjà des joueurs étrangers mélangés à des joueurs régionaux, maintenant ce qui a changé c’est que le club l’assume. D’un point de vue personnel, cela ne me pose aucun problème. J’ai un groupe bourré de qualités à tel point que je me demande comment tous les faire jouer. Ma seule crainte concerne les joueurs qui doivent repartir à un moment donné pour une question de visa. Si nous avons des matches en retard à jouer, il est possible que nous ne puissions pas compter sur eux. De même que pour les préparations estivales et hivernales. Actuellement nos joueurs arrivent au compte-gouttes, et bien qu’ils devraient tous être là pour le début du championnat, ils n’auront pas tous pris part aux amicaux. Même s’ils s’entraînent de leur côté, techniquement et physiquement, ils devront vite intégrer l’aspect tactique demandé et prendre leurs marques avec leurs nouveaux coéquipiers.
L’autre problème qui pourrait arriver, mais dans un avenir plus lointain, serait que si le club envisage de monter en 1ère ligue, il devrait revoir son recrutement. En 1ère ligue il y a des quotas et des règles qui concernent les joueurs étrangers à respecter. Mais nous n’en sommes pas encore là.