Champvent gagne: à Grandson la peur

C’était le match à ne pas perdre, celui qui envoyait assurément dans une fin de saison purgatoire (pour le vaincu), ou le match qui qui donnait ce fameux grand bol d’air frais (pour le vainqueur), sans pour autant glorifier ni enterrer qui que ce fût – il reste bel et bien au moins 8 matches à jouer pour tout le monde.

Et au petit jeu des craintes notoires, c’est Champvent qui l’emporta. Et dans ces fameuses rencontres qui se jouent sur de menus détails, c’est Albino Bencivenga qui fut, et fit la différence.  Le buteur chanvannais – plus proche de ses 50 ans que de ses 40, rappelons-le – a mis un doublé, bien servi par la finesse de Stephane Alima (15^e) puis par la robustesse d’Alexandre Perret (50^e). L’homme touche évidemment beaucoup moins de ballons que jadis, mais il est toujours ce finisseur-né, ce buteur patenté que seules quelques rares équipes peuvent se targuer d’inscrire sur leurs feuilles de match. Si l’homme a été décisif samedi soir, il a évidemment été épaulé par un bloc travailleur, une équipe qui cravache derrière lui et qui a remis le bleu de travail depuis le retour de Renato Rocha. Avec Lucas Porchet et Mirza Pipic, Axel Poncet en est la quintessence, l’homme bosse, dirige, cavale. Le natif de Champvent est sorti du terrain lessivé, usé, fatigué mais soulagé, tout juste de quoi lancer un laconique: «c’était dur.»

Photos: Hervé Nicolet.

Car de l’autre côté, Grandson a beaucoup tenté. L’équipe bocane s’est démenée, a joué, a redoublé de passes et a beaucoup donné. L’équipe de Mikael Duperret est même mieux entrée dans le match, créant le chaos dans l’escarcelle défensive de Champvent. Son virevoltant duo offensif, formé de Joao Ngoma et Patrice Ongbwa, a beaucoup pesé. Entourée par le magnifique Thibault Roulet, la paire a semé la pagaille dans la défense locale amputée de Kevin Hartmann, suspendu. Mais rien n’y fit: il était écrit que Grandson ne ramènerait rien de son déplacement à Champvent, si ce n’est des regrets et la vision d’une fin de saison qui s’annonce houleuse. Des regrets qui ont trouvé écho aux abords de la buvette de Champvent, là où beaucoup estimaient que Grandson aurait mérité de ramener au moins un point.

Pourtant voire paradoxalement, la jeunesse du groupe bocan expose complètement la qualité de ses défauts: l’équipe joue bien, presse haut, trotte à toutes cylindrées, mais il lui manque cette finition, ce dernier geste qui peut clore un match, mais qui peut aussi assurer un maintien…  Car le bilan bocan est explicite : 0 victoire en 2023, une différence de buts famélique (5 buts marqués, 22 encaissés), et une descente aux enfers qui ressemble désormais au supplice. Mikaël Dupperet l’annonçait pêle-mêle au coup d’envoi: «ça va être compliqué pour celui qui perd aujourd’hui. Car derrière, Champagne et Terre-Sainte ne vont pas se laisser couler, on connait leurs situations.»

Le lendemain justement, au moment de jeter un œil au totomat, Champagne et Terre-Sainte avaient tous deux cueilli des points, ce qui rapproche encore davantage Grandson de la barre fatidique. Et si Champvent devra assurément encore grappiller des points à gauche ou à droite, ce bol d’air est salutaire.

Télégramme:

FC Champvent – FC Grandson-Tuileries 2-1 (1-0)

Terrain du Battoir, Champvent. 170 spectateurs. Arbitrage de M. Neutuch.

Buts: 15^e Bencivenga 1-0. 50^e Bencivenga 2-0. 70e Alvarenga 2-1.

FC Champvent: Guarino; Da Costa, Roulet, Rodrigues, Ciafalone ; Poncet, Pipic, Alima, Perret, Porchet ; Bencivenga. Sont entrés en jeu: Silveiredo, Fauvergue, Pellet. Entraîneurs: Renato Rocha et Hervé Lagger.

FC Grandson-Tuileries: Vodoz ; Shala, Von Sury, Paudex ; Da Silva, Andrijanic, Dos Sontos, Lameiras, Roulet ; Ngoma, Ongbwa. Sont entrés en jeu : Alvarenga, Pinto Coelho, Ribeiro Monteiro. Entraîneur  Mikael Duperret.

Avertissements: 30^e Renato Rocha (réclamations), 55^e Dos Santos (jeu dur), 67^e Perret (jeu dur), 89^e, Poncet (jeu très dur), 90^e Fauvergue (jeu dur).